Révocation ou annulation de donation par notaire à Paris

Que se passe-t-il en cas de révocation d’une donation ?

Introduction

Bien que la donation soit un acte en principe irrévocable, certaines situations permettent de la révoquer. Ces cas, strictement encadrés par la loi, visent à protéger le donateur ou à sanctionner des comportements du donataire jugés inacceptables.

En cas de révocation, les conséquences juridiques et patrimoniales sont importantes, aussi bien pour le donateur que pour le donataire. Cet article explore les motifs de révocation, les procédures à suivre et les implications qui en découlent.

  1. Les principes de l’irrévocabilité d’une donation

La donation est un contrat particulier, car elle implique un transfert définitif d’un bien ou d’un droit du donateur au donataire.

Règle générale : irrévocabilité

L’article 1103 du Code civil dispose que les contrats tiennent lieu de loi aux parties. Dans le cas des donations, cette règle est renforcée par le principe d’irrévocabilité spéciale (article 894 du Code civil).

Pourquoi l’irrévocabilité ?

L’objectif est d’assurer la stabilité des relations juridiques et de protéger les droits du donataire.

Exceptions prévues par la loi

Malgré ce principe, trois motifs principaux permettent de révoquer une donation :

  1. L’inexécution des charges.
  2. L’ingratitude du donataire.
  3. La survenance d’un enfant.
  1. La révocation pour inexécution des charges

a) Définition

Une charge est une obligation imposée au donataire dans l’acte de donation. Si le donataire ne respecte pas cette obligation, le donateur peut demander la révocation de la donation.

b) Exemples de charges

  • Entretenir un bien donné (ex. : un bâtiment historique) ;
  • Assurer des soins ou une assistance au donateur ;
  • Effectuer un paiement ou une prestation en contrepartie.

Exemple pratique : Mme Lefèvre donne un appartement à Paris à son neveu, à condition qu’il finance les travaux de rénovation dans les deux ans. Si ces travaux ne sont pas réalisés, elle peut demander la révocation de la donation.

c) Procédure

  • Le donateur doit saisir le tribunal compétent pour prouver l’inexécution de la charge.
  • Les juges apprécient la gravité du manquement avant de prononcer la révocation.
  1. La révocation pour ingratitude

a) Définition

L’ingratitude désigne des comportements particulièrement graves du donataire à l’égard du donateur.

b) Cas d’ingratitude prévus par la loi

L’article 955 du Code civil prévoit trois motifs d’ingratitude :

  1. Attentat à la vie du donateur.
  2. Sévices, délits ou injures graves envers le donateur.
  3. Refus d’aliments au donateur, lorsque celui-ci est dans le besoin.

Exemple pratique : M. Dupont donne un terrain à son fils. Si ce dernier se rend coupable de violences physiques à son encontre, M. Dupont peut demander la révocation de la donation.

c) Procédure

  • Le donateur doit engager une action en justice dans l’année suivant la découverte de l’acte d’ingratitude.
  • En cas de succès, la donation est annulée rétroactivement, et les biens doivent être restitués.
  1. La révocation pour survenance d’un enfant

a) Contexte historique

Avant la réforme de 2006, une donation consentie par une personne sans enfant était révoquée automatiquement si un enfant naissait par la suite. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2007, cette révocation n’est plus automatique et doit être expressément prévue dans l’acte de donation. Les termes de l’acte de donation doivent être rédigés avec la plus grande précision.

b) Conditions actuelles

  • La clause de révocation pour survenance d’un enfant doit figurer dans l’acte de donation.
  • La révocation peut être demandée dans les cinq ans suivant la naissance ou l’adoption de l’enfant.

Exemple pratique : M. Lefèvre donne un appartement situé à Paris à son frère alors qu’il n’a pas d’enfants. Quelques années plus tard, il devient père et demande la révocation de la donation, conformément à la clause incluse dans l’acte.

  1. Les conséquences d’une révocation

a) Effets juridiques

  • Annulation rétroactive de la donation : Le bien retourne dans le patrimoine du donateur, comme si la donation n’avait jamais eu lieu.
  • Restitution en nature ou en valeur : Si le bien n’existe plus (vendu ou détruit), le donataire doit restituer sa valeur estimée au moment de la donation.

b) Effets pour les tiers

  • Les droits des tiers, comme les créanciers ou les acquéreurs du bien, sont protégés si la révocation n’a pas été inscrite au registre foncier ou portée à leur connaissance.

c) Sanctions pour le donataire

Dans les cas d’ingratitude, la révocation peut inclure des pénalités financières ou morales.

  1. Études de cas sur la révocation des donations

Cas pratique 1 : Inexécution des charges

M. Bernard donne une maison de campagne à sa fille, avec l’obligation de l’entretenir pour préserver son patrimoine. Si la maison tombe en ruine par négligence, il peut demander la révocation de la donation.

Cas pratique 2 : Ingratitude du donataire

Mme Dupuis offre un appartement à son petit-fils. Celui-ci, après l’avoir reçu, coupe tout contact avec elle et refuse de lui rendre visite ou de l’aider financièrement alors qu’elle est en difficulté. Elle peut saisir la justice pour annuler la donation.

  1. Questions fréquentes sur la révocation d’une donation

Une donation peut-elle être révoquée par simple volonté du donateur ?

Non, la révocation est strictement encadrée par la loi et ne peut être décidée unilatéralement par le donateur.

Le donataire peut-il contester la révocation ?

Oui, le donataire peut contester la révocation devant un tribunal et tenter de prouver qu’il a respecté ses obligations ou qu’il n’y a pas eu d’ingratitude.

Que se passe-t-il si le donataire a vendu le bien ?

Le donataire devra restituer la valeur du bien au moment de la donation.

  1. Conclusion

La révocation d’une donation, bien que rare, est possible dans des circonstances bien définies par la loi. Que ce soit pour inexécution des charges, ingratitude ou survenance d’un enfant, ces situations doivent être évaluées avec soin. Faire appel à votre notaire est donc crucial pour garantir que la procédure respecte les règles légales et pour défendre les droits de chacune des parties.

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